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Enfant qui crie : comment réagir correctement face à cette situation ?

Un enfant peut crier jusqu’à 90 décibels, l’équivalent d’un klaxon de voiture. Selon une étude de l’INSERM, ce comportement concerne près de 80 % des familles avec des enfants de moins de six ans. L’Organisation mondiale de la santé déconseille toute réaction punitive ou humiliante face à ce type d’expression émotionnelle.

Des stratégies concrètes existent pour désamorcer ces épisodes et accompagner l’enfant dans la gestion de ses émotions. Certaines méthodes validées par des psychologues permettent de réduire la fréquence et l’intensité des cris dès les premières applications.

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Pourquoi les enfants crient-ils ? Comprendre l’origine des colères

Les cris ne tombent jamais du ciel. Ils signalent un débordement émotionnel propre à la petite enfance, entre 18 mois et 6 ans. À cet âge, l’équilibre intérieur vacille facilement : le cerveau émotionnel prend nettement le dessus, tandis que le néocortex, siège de la réflexion, n’a pas encore pris toute sa place. Résultat, l’enfant peine à gérer frustration, excitation ou contrariété, un refus, un bruit de trop, la fatigue ou même un simple changement de rythme suffisent à faire monter la pression jusqu’au cri.

Certains enfants, ceux avec un TDAH (trouble du déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité) ou un TSA (trouble du spectre autistique), vivent ces tempêtes à répétition. L’impulsivité ou l’hypersensibilité sensorielle rendent la maîtrise des émotions encore plus compliquée. Mais même sans diagnostic, l’opposition fait partie du processus de construction : l’enfant teste, s’oppose, vérifie où sont les limites. C’est en traversant ces orages qu’il apprend à reconnaître et à nommer ce qui le traverse.

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L’attachement joue ici le rôle d’ancre. L’enfant se permet d’exprimer ses tensions auprès de ceux qui représentent la sécurité. L’ambiance familiale et la qualité des liens influent directement sur la fréquence et l’intensité de ces crises. Plutôt que d’y voir une provocation, abordez la colère comme un message : l’enfant signale qu’il n’arrive plus à gérer seul. Sous le bruit, c’est une main tendue, maladroite mais sincère.

Un cri, mille émotions : décrypter ce que votre enfant essaie de dire

Un cri n’est jamais qu’une histoire de décibels. C’est un code, une tentative souvent maladroite pour exprimer ce qui déborde à l’intérieur : colère, frustration, peur ou simple besoin d’attention. L’enfant n’a pas encore le filtre de l’adulte. Un refus, une rivalité autour d’un jouet, un bruit trop fort, et la soupape lâche. Le cri surgit, brut, immédiat.

Nommer ce que ressent l’enfant, c’est lui offrir une boussole. Dire « Tu es fâché parce que tu dois arrêter de jouer ? » ne cède pas à ses exigences, mais lui montre qu’il a été entendu. Cette reconnaissance structure peu à peu sa gestion émotionnelle. Des outils comme la roue des émotions rendent l’abstraction plus concrète : pointer une couleur, un visage, et soudain l’émotion trouve sa place.

Le mimétisme façonne aussi ces réactions. Un parent qui hausse le ton renforce l’idée que crier est une réponse acceptable. À l’inverse, rester posé même en plein tumulte offre un modèle solide. Chaque cri, chaque geste, cherche un adulte capable de décoder le message, même brouillé.

Parfois, le cri n’exprime pas seulement de la colère, il appelle à la relation : se faire remarquer, provoquer, exister dans le regard parental. Ici, le Plan ABC (Antécédents, Comportement, Conséquences) aide à comprendre ce qui s’est passé avant, durant et après la crise. Cette approche affine la réponse à apporter, pour sortir du rapport de force et rétablir le lien.

Comment réagir sur le moment sans perdre son calme ?

Face à l’explosion sonore, le parent se retrouve souvent à la croisée des chemins : s’emporter ou garder le cap ? La clé consiste à parler doucement, même si tout le corps a envie de faire l’inverse. Hausser la voix, c’est jeter de l’huile sur le feu, les études sont formelles, la spirale ne fait que s’intensifier.

L’empathie devient alors un outil précieux. Se mettre à hauteur d’enfant, croiser son regard, nommer simplement ce qui se passe, « Tu sembles fâché ? », n’a rien d’une faiblesse. C’est offrir un point d’appui au moment où l’enfant perd pied. Son cerveau, encore en chantier, a besoin de ce repère adulte pour retrouver un peu de contrôle.

Voici quelques pistes pour vous guider dans l’action immédiate :

  • Écartez toute réaction punitive ou recours à la violence éducative. Ces réponses ferment la porte au dialogue et aggravent le malaise.
  • Proposez un moment à l’écart, une bulle de calme ou un câlin si l’enfant en manifeste l’envie.
  • Posez le cadre avec fermeté et bienveillance : « Ici, on ne crie pas. Je comprends que tu sois en colère, mais je t’écoute quand tu utilises une voix douce. »

Une fois la tempête passée, prenez le temps de revenir ensemble sur ce qui s’est joué. C’est à froid que l’enfant peut comprendre, mettre en mots, réparer si besoin. Ce retour sur l’événement lui apprend à anticiper, à mieux reconnaître ce qui déclenche ses cris. Offrir un cadre stable et un espace sécurisé, c’est nourrir la confiance et l’autonomie émotionnelle, pierre angulaire d’une relation apaisée.

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Des astuces concrètes pour apaiser les crises et accompagner votre enfant au quotidien

Pour éviter que chaque cri ne dégénère, certains outils font la différence au fil des jours. La roue des émotions, par exemple, est plébiscitée par des spécialistes comme Isabelle Filliozat. Grâce à cet outil visuel, l’enfant apprend à reconnaître et nommer ce qui l’agite : colère, tristesse, peur… Nommer, c’est déjà apaiser.

Installez une box de retour au calme à la maison. Glissez-y une peluche, une bouteille sensorielle, un carnet de dessin : autant de ressources qui invitent l’enfant à s’exprimer autrement que par les cris. Le Dr Catherine Gueguen souligne combien un environnement rassurant et prévisible aide l’enfant à traverser ses tempêtes émotionnelles.

Le jeu se révèle aussi un allié de poids. Proposer de mimer un animal silencieux ou de souffler sur une plume détourne l’attention, réduit la tension et réactive la complicité. Les travaux de Faber et Mazlish montrent combien l’approche ludique désamorce de nombreux conflits quotidiens.

Si les cris reviennent souvent, le plan ABC s’avère précieux : repérez l’Antécédent (ce qui précède la crise), le Comportement (le cri), puis la Conséquence (votre réaction). Cette analyse permet d’ajuster l’accompagnement, en ciblant les vrais déclencheurs plutôt qu’en luttant contre le symptôme.

Pour accompagner au mieux votre enfant au quotidien, gardez en tête ces leviers efficaces :

  • Identifier et nommer l’émotion, offrir un espace d’expression adapté
  • Recourir au jeu pour faire redescendre la tension
  • Utiliser des outils pratiques, validés par la recherche en neurosciences

Chaque épisode de colère, loin d’être une fatalité, devient alors un terrain d’apprentissage partagé. C’est dans la répétition patiente de ces gestes, ces mots, et cette présence, que l’enfant apprendra peu à peu à apprivoiser ses cris, et que l’adulte, lui aussi, découvrira d’autres façons de traverser la tempête.

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Parents